Allaiter au sein ? La science a depuis longtemps démontré les vertus inégalables du lait féminin. La littérature médicale le prouve d'un triple point de vue nutritif, immunologique et affectif, chacun des trois facteurs étant d'égale importance. La dimension sociétale de l'allaitement n'est pas une question abordée ici, bien qu'allaiter au sein soit éminemment économique (zéro dépenses) tout autant qu'écologique (zéro coûts de transport, zéro émission carbone, zéro élevage de bovins, etc.)

 

Du point de vue nutritif, le lait féminin contient des macronutriments (protéines, lipides et glucides). Les caséines, les protéines du lait, en constituent la majeure partie. Très différentes des caséines bovines dont sont issus les laits industriels, les caséines humaines sont nettement plus digestes pour le nouveau-né humain. Actifs, le taux de protéines et la densité énergétique du lait féminin évoluent et changent de fonction selon l'âge de l'enfant, mois après mois : le colostrum des tout premiers jours de vie, le lait de transition une semaine durant, puis le lait mature et ses mille et une variantes. Sa composition nutritionnelle se modifie également lors d'une seule et même tétée : très hydratant au début, il se charge de protéines et d’acides gras (donc plus nourrissant) au fur et à mesure que le sein se libère de lait.

 

Le lait féminin contient aussi des micronutriments (minéraux et vitamines). Le fer par exemple n'a pas besoin d'être présent en grande quantité car des ligands en assurent la plus grande absorption. Liquide biologique complexe, le lait féminin se compose enfin de très nombreux autres composants, pré- et pro-biotiques par exemple, qui ajustent en permanence l'équilibre de la flore intestinale du nouveau-né. Véritable matière vivante, le lait féminin est donc l'aliment adapté aux besoins spécifiques du petit humain. L'allaitement aide aussi la maman à retrouver sa ligne à cause des dépenses énergétiques que doit produire l'organisme pour produire du lait.

 

Du point de vue immunologique, la littérature scientifique apporte un niveau de preuves particulièrement élevé des bienfaits de l’allaitement maternel en ce qui concerne la prévention de la mort subite du nourrisson, les infections respiratoires et les otites. Le lait féminin active en effet des mécanismes de protection anti-infectieux, anti-inflammatoires et anti-oxydants. Le bébé développe aussi moins d'allergies. En biologie, les caséines humaines produisent en se métabolisant des peptides ayant des effets anti-thrombotiques, c'est-à-dire empêchant la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins. En génétique, les miRNA, des acides propres à certaines cellules, jouent un rôle capital dans le développement du système immunitaire de l’enfant. Or, le liquide de l'organisme qui contient le plus de miRNA est le lait maternel. Le lait féminin interagit aussi avec l'environnement dans lequel il se trouve. Supposons par exemple qu'un bébé entre en contact avec un germe et le transmette à sa mère. En retour, le corps de la mère produit des anticorps et les transfert à son bébé par son lait...  

 

Chez la mère, le niveau de preuves scientifiques des bienfaits de l’allaitement maternel est particulièrement élevé en ce qui concerne la prévention du cancer du sein et l’infection du post-partum, et dans une moindre mesure la prévention du cancer des ovaires et de l'utérus. Sans mentionner les bénéfices quotidiens des hormones de l'allaitement qui favorisent un endormissement rapide et reposant malgré les réveils répétés de la nuit après un accouchement.

 

Du point de vue affectif, donner le sein, c'est donner beaucoup plus que du lait. C'est aussi un peau-à-peau douillet et chaleureux, des regards bienveillants, des caresses sécurisantes, un contact physique intime. Or, c'est par la peau et le toucher avec sa mère que l'enfant établit son premier contact avec le monde. Pédopsychiatres et psychologues s'accordent à dire que l'allaitement maternel, surtout s'il est conduit dans la durée et s'il s'inscrit dans l'état d'esprit du maternage, remplit grandement le réservoir affectif de l'enfant, gage d'une autonomie plus précoce et d'une meilleure santé mentale à l'adolescence. Forte de construire une relation riche avec son bébé, la mère acquiert de l'assurance et gagne en confiance en elle-même, voire éprouve de la fierté et se sent profondément vivante.

 

Ce n'est donc pas un hasard si l’organisation mondiale de la santé (OMS) préconise un allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois, puis partiel jusqu’à deux ans ou plus. Ce n'est pas un hasard non plus si la promotion de laits infantiles, directe auprès de la population, est interdite par le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel qu'a adopté l'OMS en 1981 et dont la France est signataire. Merci aux pharmacien.nes qui s'en souviennent et qui ont adopté le label "Pharmacies amies de l'allaitement maternel" (PHAAM) ou "Pharmacies amies des bébés".

 

À Galactée, une association de mamans bénévoles, notre mission est d'écouter, de soutenir et d'informer les mamans qui désirent allaiter. D'accès libre, des réunions régulières sur l'allaitement maternel sont organisées dans le Rhône, l'Ain et l'Isère. Tous les jours de l'année, y compris dimanches et jours fériés, notre permanence téléphonique vous accueille partout en France. Ce sont les dons des particuliers et le nombre d'adhésions qui font vivre notre association. Bienvenue à Galactée !

Retrouvez cet article publié sous le titre "Les bénéfices de l'allaitement maternel" dans Pluriel Nature n°131 janvier-février 2019, p 18-19.